La thérapie d’acceptation et d’engagement appliquée à mon bac en psycho

Chronique de lecture

Par Sarah-Jeanne Tourangeau

Aujourd’hui, j’ai lu le livre « le piège du bonheur – illustré » par Russ Harris. Oui oui, « illustré ». J’ai lu une bande dessinée de vulgarisation sur la thérapie de l’acceptation et l’engagement (« ACT » pour « acceptation and commitment therapy »), et sincèrement, je n’aurais pas pu faire un meilleur choix en ce matin d’avril, quelques semaines avant les examens finaux.

Le livre se veut une bonne vulgarisation pour le grand public, et je pense que c’est réussi. Je le recommanderais sans hésiter à n’importe qui ayant un intérêt pour la croissance personnelle, sans nécessairement avoir de connaissances en psychologie. Les bandes dessinées rendent le sujet accessible et facile à lire.

Et même pour ceux qui s’y connaissent un peu, c’est un rappel intéressant. Personnellement, les réflexions sur le sens de la vie et la gestion des émotions, c’est ce qui m’a amené à choisir la psychologie. Je suis contente de mon choix, j’ai eu des cours que j’ai trouvés extraordinaires et tellement intéressants. Mais ces temps-ci, je suis submergée par les cours obligatoires dans le cursus, et le stress des A+ et de l’expérience de recherche.  

Alors non seulement cette lecture m’a recentré sur pourquoi j’avais choisi la psychologie, mais ça a été une belle occasion de réfléchir à comment je voulais passer la (ou probablement les) prochaine.s année.s de mon bac. Alors, voici ce que je tire des cinq étapes principales de l’ACT : la défusion, l’expansion, la connexion, les valeurs et le plan d’action.

Premièrement, la défusion. C’est l’idée de se séparer de ses pensées. Le classique « je suis en train de penser que » au début de nos pensées. Pour moi, ça donne :

« je suis en train de penser que » je dois absolument avoir un poste d’auxiliaire de recherche (1) cet été (2) avec un prof de l’UQAM (3) dont les recherches m’intéressent au point de vouloir faire mon doctorat avec lui.

Si seulement j’exagérais pour faire un procédé comique. Mais non, je pense ça. Je suis stressée de ne pas avoir réussi à charmer un des quelques profs dont les thèmes de recherche m’intéressent profondément.

Alors, maintenant que la pensée est identifiée, on se demande si elle est utile. Bonne question. Elle représente définitivement un idéal. J’ai trouvé dans quelle direction je veux aller. Mais est-ce que c’est obligé d’être cet été? Obligé d’être dès maintenant un prof de l’UQAM? Obligé d’être un sujet qui m’intéresse au point que je ferais une thèse dessus? Non. Là où j’en suis, toute expérience de recherche va m’aider à rendre mon dossier plus intéressant. Je n’ai vraiment pas besoin de mettre la barre aussi haute.

Deuxièmement, l’expansion. On accepte les émotions telles qu’elles sont, même si elles sont désagréables.

Est-ce que je suis moins anxieuse, maintenant que j’ai réalisé que je me mettais la barre trop haute? Non. Et ça va continuer de me rendre anxieuse. Parce que je vais continuer de percevoir cet objectif, et de parler avec plein de gens qui ont acquis énormément d’heures d’expériences de recherche et d’intervention qui ont été refusées au doctorat. Je vais continuer de trouver que je n’en fais pas assez. Mais c’est correct. Cette anxiété a un sens, parce qu’elle vient avec un projet qui me tient à cœur, je ne voudrais pas l’éviter.   

Troisièmement, la connexion. C’est la pleine conscience, apprécier le moment présent. Exactement ce qui m’a manqué ces dernières semaines. J’ai l’impression de toujours me sentir coupable de ne pas en faire plus. Eh bien là (ce matin en tout cas), je me donne le droit.

Quatrièmement, les valeurs. Si je prends un moment pour identifier quelques-unes de mes valeurs, je trouve ce qui suit :

Je veux faire ce qui me passionne. Je veux être utile. Je veux avoir le temps d’apprécier la vie. Je veux bien faire ce que je fais.

En fait, je ne suis pas si loin d’être en phase avec mes valeurs. La passion, ça va. J’aime apprendre ce que j’apprends. L’utilité aussi. Je me sens utile quand je fais du bénévolat. Je me sentirais aussi utile si j’avais un emploi d’intervenante. En ce moment, je fais bien ce que je fais. Le problème, c’est avoir le temps d’apprécier la vie. C’est dur, essayer de tout faire en même temps. Et en fait, toute cette réflexion me fait réaliser que je ne serais pas détruite si je n’étais pas acceptée au doctorat. Si j’étais « juste » intervenante, je serais en phase avec mes valeurs. 

Cinquièmement : le plan d’action. Comment est-ce que je vais faire pour rapprocher mon existence de mes valeurs? Je vais me laisser plus de temps. Accepter que ça va être long de devenir psychologue. Apparemment, les refus font partie du processus. Autant ne pas me mettre dans une position que je vais regretter si jamais je suis refusée.

Pour conclure, c’est un livre que je conseille à tous ceux qui sentent que leur vie n’est pas ce qu’ils souhaitaient. Que l’on connaisse ou non la psychologie, ça fait toujours du bien de se rappeler que notre vie n’a de sens que si on lui en donne un.


Corrigé par Rosalie VilleneuveFlorence Ferland et Gabrielle Johnson

Révisé par Ariane Chouinard et Florence Grenier

Illustration originale par Mariam Ag Bazet (@marapaname)