Par Suzie Rousseau
En tant qu’étudiants en psychologie, que nous ayons l’intention de faire un doctorat ou non, que nous ayons l’intention de nous concentrer sur la recherche ou d’avoir une pratique professionnelle de psychothérapie, nous apprenons plusieurs différentes approches qui existent. Nous pouvons être dépassés d’apprendre qu’autant de perspectives différentes sont possibles et cohabitent ensemble, et encore plus si nous devons en choisir une plutôt qu’une autre. Comment déterminer laquelle est la meilleure ? En fait, existe-t-il une meilleure approche/perspective en psychothérapie?
Entrevue informelle Dr. Marc-Simon Drouin
Dr. Marc-Simon Drouin est professeur titulaire de psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) dans la section Humaniste. Avec plus de 20 ans d’expérience en enseignement, il est également le directeur du Centre de services psychologiques de l’UQAM. Ayant plusieurs spécialités en recherche (incluant l’efficacité de la psychothérapie), nous l’avons rencontré pour discuter de ce sujet.
Dr. Drouin débute l’entretien avec des questions plus philosophiques, tel que qu’est-ce que le changement? Est-ce que les individus peuvent changer, en fait? Avant de songer à l’efficacité de la psychothérapie, nous pouvons nous demander si (1) les personnes changent réellement; et (2) si oui, est-ce que quelqu’un peut aider quelqu’un d’autre à changer? Si la réponse est oui, ceci nous amène donc à l’efficacité de la psychothérapie, et s’il existe des techniques qui sont meilleures que d’autres pour atteindre nos fins. La majorité des méta-analyses ont démontré que la réponse est non, en fait, il n’y a pas de techniques meilleures que les autres en termes d’efficacité.
Dr. Drouin suggère la lecture du livre intitulé « Principles of therapeutic change that work » de Louis G. Castonguay et Larry E. Beutler, qui démontre que, malgré qu’aucune technique n’est meilleure qu’une autre, il est possible de développer des principes communs à appliquer à toutes les approches confondues. Par exemple, un client atteint de dépression a tendance à réagir mieux envers une approche plus directive que celle-ci soit de la famille de la psychodynamique ou de l’humaniste.
Beaucoup de temps de la discussion est alloué à discuter de la qualité de l’alliance thérapeutique. Des variables associées aux thérapeutes qui sont importantes pour l’efficacité de la psychothérapie incluent la sensibilité, la fiabilité, la capacité de susciter l’espoir, et l’habileté du thérapeute de trouver un équilibre entre le cadre et la singularité du client. Être capable de tolérer l’anxiété et une bonne gestion du contre transfert est également important. En termes d’efficacité, la technique n’y est que pour 8%, tandis que les facteurs communs comptent pour le reste (tel que l’alliance thérapeutique et la particularité du patient).
Nous avons également discuté de l’importance de la rétroaction du client pour l’efficacité de la psychothérapie. Il est important d’avoir une entente d’objectifs communs, et que cette entente soit flexible tout au long du processus thérapeutique. De plus, s’entendre sur les moyens d’obtenir les résultats est important, en plus de développer un lien affectif sécure. Il est normal qu’il y ait des fluctuations dans la relation avec le temps, mais il est important que la confiance reste présente. Le thérapeute doit avoir une conscience réflexive de soi- même lors des interventions et trouver une manière de se réguler durant les rencontres pour garder la force de ce lien.
Nous terminons la rencontre en discutant que malgré l’efficacité similaire de toutes les approches, il est important pour le thérapeute de rester soi-même et de rester fidèle à son approche auquel il s’identifie pour de meilleurs résultats. Si un étudiant désire en apprendre plus sur l’efficacité de la psychothérapie, le cours PSY5860 intitulé Théories et techniques de l’entrevue est un bon début. L’efficacité de la psychothérapie est un domaine de recherche avec beaucoup de potentiel de nouvelles réponses, pour les étudiants intéressés!
Corrigé par Anne-Marie Parenteau, Megan Racine et Ariane Pomerleau
Révisé par Florence Grenier
Illustration originale par Laurie-Anne Vidori