Par Suzie Rousseau
La recherche sur le yoga a connu une croissance fulgurante depuis quelques années et une augmentation marquée du nombre de personnes qui le pratique en Amérique du Nord. Bien des gens dans notre entourage vantent ses bienfaits, que ce soit pour s’étirer et être plus performant dans un autre sport, pour relaxer ou pour une meilleure gestion du stress. Les recherches prouvent maintenant qu’en effet, le yoga est associé à plusieurs bénéfices sur la santé globale. Il y a également des avantages thérapeutiques qui sont progressivement mis en lumière (Ramirez-Duran, 2022).
Définition – qu’est-ce que le yoga, exactement ?
Selon l’American Psychological Association, le yoga est « une école ou une tradition de philosophie et d’enseignement pratique qui cherche à réaliser l’union mystique du moi avec l’Être suprême, ou de l’esprit humain avec l’esprit universel, par une discipline mentale prescrite et des exercices physiques. Les exercices de yoga, y compris la régulation de la respiration et l’adaptation des postures corporelles sont utilisés comme moyen de relâcher les tensions et de rediriger l’énergie et d’atteindre un état de maîtrise de soi, de relaxation physique et mentale et, enfin, une profonde contemplation. » (APA, 2023, traduction libre).
Non seulement le yoga peut réduire le stress, mais il peut également accroître nos fonctions exécutives, qui sont essentielles pour avoir du succès au niveau académique, telles que la mémoire de travail, la planification et la résolution de problèmes (Gothe et al., 2016). Des études en psychologie positive démontrent que le yoga augmente le bien-être psychologique, l’épanouissement personnel, et le sentiment que la vie « a un sens» . Le yoga sert également à développer le flow, défini comme « l’état psychologique optimal » (Saint-Jevin, 2020).
Le yoga – complémentaire à la thérapie clinique ?
Les praticiens s’orientent de plus en plus vers une approche de la relation thérapeutique centrée sur la personne. Grâce à cela, ils intègrent des techniques de multiples thérapies complémentaires à leur pratique et adaptent la thérapie aux besoins et à la nature unique de leurs clients individuels. L’une de ces thérapies complémentaires est le yoga. L’enseignement pratique et sûr des techniques de yoga dans le cadre thérapeutique (comme la respiration et les mouvements associés) peut entraîner une amélioration de nombreux symptômes psychologiques et physiologiques (Kamradt, 2017).
La mise en œuvre thérapeutique des techniques de yoga dans la pratique clinique continue de croître. Il est maintenant prouvé que le yoga peut avoir des effets bienfaisants pour plusieurs problèmes liés à notre santé mentale comme la dépression, les troubles anxieux et les troubles alimentaires (Kamradt, 2017). Des études ont aussi établient que le yoga peut être bénéfique pour la santé mentale et la santé physique des vétérans (Hurst et al., 2018). Plusieurs autres recherches sont disponibles pour des populations spécifiques, telles que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, les femmes recevant des traitements pour l’infertilité, les personnes ayant un trouble obsessionnel compulsif et celles ayant un trouble de la schizophrénie, pour ne nommer que celles-ci.
Ceci dit, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour supporter ces résultats et mesurer l’efficacité des interventions de yoga pour traiter diverses conditions de manière plus approfondie. Par exemple, plus de théories doivent être élaborées pour intégrer de manière optimale et éthique les thérapies complémentaires comme le yoga dans les pratiques psychologiques actuelles. Il faut s’assurer que les clients appropriés sont ciblés pour recevoir ces traitements et que des règles claires sur les qualifications que les thérapeutes doivent obtenir pour être en mesure de fournir ces traitements soient établies (Kamradt, 2017).
Pour en apprendre plus
Le yoga est un moyen pour les étudiants de prendre une action concrète dans leur journée entraînant une conséquence positive sur leur quotidien. Elle peut être gratuite et possible à toute heure de la journée si pratiquée à la maison). Je l’ai personnellement expérimenté ayant 15 ans de pratique dans le corps, en plus d’une formation de professeure de yoga depuis plusieurs années.
Finalement, si le yoga en relation avec la thérapie clinique vous intéresse, l’UQAM offre le cours PSY9236 – Les interventions cliniques basées sur le yoga, la méditation et la pleine conscience, qui enseigne comment appliquer ces concepts dans des relations thérapeutiques, et comment un psychologue peut lui-même appliquer ces principes. Au plaisir de vous voir sur un tapis prochainement, dans un studio à Montréal et je vous souhaite une bonne pratique personnelle à la maison!
Références
American Psychological Association (2023, Jan 14). APA Dictionary of Psychology. https://dictionary.apa.org/yoga
Gothe, N. P., Keswani, R. K., et McAuley, E. (2016). Yoga practice improves executive function by attenuating stress levels. Biological Psychology, 121, 109–116. https://doi.org/10.1016/j.biopsycho.2016.10.010
Hurst, S., Maiya, M., Casteel, D., Sarkin, A. J., Libretto, S., Elwy, A. R., Park, C. L., & Groessl, E. J. (2018). Yoga therapy for military personnel and veterans: qualitative perspectives of yoga students and instructors. Complementary Therapies in Medicine, 40, 222–229. https://doi.org/10.1016/j.ctim.2017.10.008
Kamradt, J. M. (2017). Integrating yoga into psychotherapy: the ethics of moving from the mind to the mat. Complementary Therapies in Clinical Practice, 27, 27–30. https://doi.org/10.1016/j.ctcp.2017.01.003
Saint-Jevin, A. (2020). Dispositif de préparation mentale pour l’e-sport : neurosciences, psychanalyse et yoga. Psychologie Clinique, 49(49), 72–82. https://doi.org/10.1051/psyc/202049072
Ramirez-Duran, D., Kern, M. L., &Stokes, H.(2022). More than a feeling: Perceptions of wellbeing in regular Ashtanga Yoga practitioners. International Journal of Wellbeing, 12(2), 88-113. https://doi.org/10.5502/ijw.v12i2.2027
Corrigé par Émilie Pauzé, Mélanie Picard et Gabrielle Johnson
Révisé par Ariane Chouinard et Florence Grenier
Illustration originale par Mariam Ag Bazet (@marapaname)