Le balado comme outil de vulgarisation scientifique

Compte-rendu de la formation donnée par Carine Monat, PhD


Le 2 février 2021 avait lieu la formation « La vulgarisation scientifique à l’aide de balados », animée par Carine Monat PhD, journaliste scientifique de Radio-Canada. Autrefois reportrice nationale à la semaine verte, elle a remporté la finale de Ma thèse en 180 secondes alors qu’elle complétait son doctorat en neurosciences. Cette professionnelle, au parcours impressionnant et inspirant, est à l’origine de deux balados de vulgarisation scientifique. Sa première création, L’oeuf ou la poule, est une émission de radio présentée sur les ondes de CHOQ, la radio universitaire de l’UQAM. Encore aujourd’hui, elle met en vedette les étudiant.es uqamien.nes qui font rayonner les différents laboratoires de l’université. 20%, sa deuxième création, est un balado où des femmes scientifiques discutent de la place qu’elles occupent dans un milieu majoritairement masculin. Cette formation a été organisée par Sciences 101, une organisation uqamienne cherchant à promouvoir la communication scientifique vulgarisée.  

Photo par : Élisabeth Lamour

Par Chloé Simard

Alors que l’ère des balados est en pleine effervescence, le “podcast1” en n’est certainement pas à ses débuts puisqu’il provient, à la base, d’une émission de radio enregistrée en direct, puis rediffusée par la suite. L’avantage de ce format audio est qu’il peut être diffusé à l’échelle planétaire selon la plateforme sur laquelle il se trouve. Pratique, il est possible de l’écouter au moment souhaité, peu importe le lieu. Enfin, selon les statistiques présentées par Carine Monat lors de la conférence, 81% des utilisateurs écoutent des balados à leur domicile, 40% dans leur voiture, 34% à pieds et 27% durant une activité physique; démontrant ainsi le côté très pratique « où je veux, quand je veux » du balado. Bien entendu, un tel projet ne vient pas sans défi. Tel que mentionné plus haut, ce type de création est à la mode. Son inconvénient principal est donc de se démarquer dans le bassin florissant des nouvelles technologies de communication. Heureusement, Monat laisse de judicieux conseils à celles et ceux qui veulent bien s’investir là-dedans.  

Tout d’abord, la conférencière mentionne qu’avant de débuter, il est plus qu’important de répondre aux 7 questions fondamentales à se poser en lien avec le concept, permettant ainsi d’affiner le projet et d’optimiser sa quantité d’écoutes.  

Pourquoi? Il s’agit de LA plus grande raison d’abandon du projet selon la scientifique. Il est donc PRIMORDIAL de connaître les raisons personnelles qui poussent la personne créatrice qui investira son temps et son énergie.  

Pour qui? Il est question du public cible. Il n’est pas nécessaire de toucher le plus grand nombre de personnes possible. Déterminer simplement l’âge et la géographie du public cible peut déjà indiquer la base de la connaissance de l’auditoire. De cette façon, cela facilite la partie de la vulgarisation.  

Quel est le thème/sujet2Avant tout, déterminer les intérêts personnels de l’individu à l’origine du balado aide à conserver une certaine motivation sur le long-terme. Effectivement, plus le sujet vous touche et vous intéresse, moins il sera pénible d’y investir du temps. De plus, la journaliste recommande de faire une « étude de marché » afin de savoir si ce même type de sujet est déjà traité ailleurs. Si tel est le cas, la question suivante peut permettre au projet de se démarquer à travers un sujet plutôt populaire. 

Sous quelle forme? Ici, il faut se pencher sur la forme en soi du balado ; la durée et la fréquence sont les points principaux à déterminer. Puis, tout dépendamment du contenu, le format doit être établi en conséquence. Plusieurs choix sont possibles : documentaire, témoignage, expérience sonore, reportage, chronique, etc.  

Quelle est l’équipe? La création, la recherche, l’enregistrement des épisodes et la diffusion ne sont que des exemples parmi les multiples étapes d’un projet balado. Carine Monat précise qu’il ne faut pas sous-estimer l’importance des forces de chaque membre, et de répartir les tâches en fonction de celles-ci.  

Quel est le titre, l’identité sonore/visuelle? L’importance de cet aspect est à prendre en considération avant qu’un épisode soit diffusé, puisque l’image sera vue et partagée (du moins c’est ce qui est souhaité); il ne faut donc pas négliger la première impression qu’elle peut faire.  

Être indépendant ou en partenariat? Bien sûr, les deux options offrent leurs propres avantages et inconvénients, il suffit d’établir ce qui fonctionne le mieux pour le projet et les membres de l’équipe.  

La conception du balado n’est évidemment pas terminée lorsque ces 7 questions ont été répondues. Chaque épisode doit être détaillé, de sorte qu’une histoire soit racontée : c’est la recette secrète afin de captiver le public. Une grande préparation est également nécessaire, puisque le principe de vulgarisation repose sur le fait que les personnes au micro expliquent, avec clarté, les notions présentées. Aussi, il est important que la voix entendue soit dynamique, chaleureuse, articulée, rythmée et détendue. Après tout, c’est sur quoi l’auditoire se fie pour enregistrer les informations. Habituée à prendre la parole en public, peu importe sous quel format, Carine Monat affirme qu’un truc à ne jamais oublier est que le sourire ne se voit pas nécessairement en balado, mais que ce dernier s’entend. 

Certainement l’une des formations les plus intéressantes de l’année jusqu’à présent, l’équipe du Psy-Curieux vous invite à suivre la page Facebook de Sciences 101 – Vulgarisation UQAM pour rester à l’affut des prochains événements.

Notes

1 Le terme balado est désormais préféré en français pour désigner le terme podcast. 

2 Selon les statistiques présentées par la journaliste Carine Monat, le thème de la science se classe en 11e position avec 26% d’intérêt. 


Correction faite par Jackie TaNessa Ghassemi-Bakhtiari et Camille Lavoie

Texte révisé par Mélyna Langlois

Photo par: Garrett Butler (@glbutler17)