Avez-vous déjà pensé à devenir psychologue légal ?

Par Alexandra Lord-Proulx

Saviez-vous que les psychologues peuvent travailler au sein du système judiciaire ? Probablement pas. Pourtant, dans le parcours en psychologie, on parle très peu de la possibilité de devenir psychologue-expert en milieu légal. Il n’y a pas de cours spécifique sur ce sujet à l’UQAM, ce qui fait que peu d’étudiants connaissent cette spécialisation. Pourtant, ce domaine joue un rôle clé dans l’application de la psychologie à des enjeux concrets de la société.

Si vous n’avez jamais entendu parler de la psychologie légale, c’est normal ! Rares sont les universités qui l’intègrent directement dans leur formation au baccalauréat. La psychologie légale est un domaine qui mélange la psychologie et le droit. Au Canada, seulement quatre universités offrent un programme en expertise psycholégale. Au Québec, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) est une référence avec son laboratoire de psychologie légale. Ce laboratoire a même été cité dans le DSM-5 pour ses recherches sur certains troubles comme le voyeurisme et l’exhibitionnisme. En plus de ses recherches, l’UQTR propose un microprogramme de deuxième cycle en psychologie légale, ce qui permet aux professionnels et aux étudiants d’acquérir des compétences spécifiques dans le domaine. Il est aussi possible de faire un doctorat en psychologie avec une spécialisation en psychologie légale3

Mais que fait un psychologue légal ?

Son rôle est d’évaluer différents aspects psychologiques liés aux affaires judiciaires civiles et criminelles. Par exemple, il peut être chargé d’évaluer la santé mentale d’un accusé pour voir s’il est apte à subir un procès. Il peut aussi analyser la capacité d’un parent à s’occuper de son enfant en cas de litige sur la garde. Dans le cadre criminel, il peut mesurer les conséquences d’un acte criminel ou évaluer le risque de récidive chez un délinquant2. En plus de ces évaluations, le psychologue légal peut être appelé à témoigner devant un tribunal pour expliquer ses conclusions. Son expertise est donc essentielle pour aider les juges à prendre des décisions éclairées et justes. Il fait le pont entre les théories scientifiques en psychologie et les tribunaux3.

Cette spécialisation demande énormément de rigueur et une grande attention aux détails. En plus de possèder une formation approfondie en psychologie clinique, le psychologue légal doit comprendre les bases du droit et suivre des règles éthiques très strictes. Il doit être capable d’analyser des situations complexes de manière objective et scientifique. Par exemple, lorsqu’il rédige un rapport d’expertise, il doit s’assurer d’avoir toutes les informations nécessaires et d’éviter tout biais. Ses conclusions doivent être détaillées et fondées sur des preuves bien étayées. En plus des connaissances en droit qu’il doit acquérir, le psychologue légal doit aussi se familiariser avec plusieurs exigences en matière d’éthique, de déontologie et de méthodologie clinique particulièrement élevées . L’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) a d’ailleurs publié, en 2002, un guide qui rappelle l’importance d’un travail précis et rigoureux dans ce domaine2. Une erreur dans une évaluation pourrait avoir des conséquences graves sur la vie des personnes concernées.

Ce qui rend cette spécialisation particulièrement captivante, c’est l’influence directe du travail sur la société. Les experts contribuent à l’approfondissement de la compréhension et à l’utilisation de la psychologie dans le cadre juridique. Votre travail pourrait faire une réelle différence dans la vie des gens et dans le fonctionnement du système de justice. En influençant la jurisprudence qui se réfère aux décisions juridiques précédentes appliquées par les tribunaux, vous pourriez influencer le système judiciaire à long terme.

Si vous aimez analyser des situations complexes, appliquer vos connaissances de façon concrète et avoir un impact réel sur la société, peut-être que la psychologie légale est la voie qu’il vous faut ! Ce domaine gagnera peut-être en visibilité dans les prochaines années et deviendra une option plus courante dans les formations universitaires.


Références
1Ordre des psychologues du Québec. (2002). L’expertise psycholégale (partie 1). Fiche déontologique, volume 3(numéro 4), pages 1-4. https://www.ordrepsy.qc.ca/documents/26707/63191/L%27expertisepsycholégale%28partie1%29/c18af058-1b7d-408e-988f-88e23342c605 

2Ordre des psychologues du Québec. (2002). L’expertise psycholégale (partie 2). Fiche déontologique, volume 3(numéro 5), pages 1-4. https://www.ordrepsy.qc.ca/documents/26707/63191/L%27expertise+psycholégale+%28partie+2%29/b7339585-1684-4122-ace9-f3e5ae3f8b60

3Université du Québec à Trois-Rivières. (s.d.). Accueil – Laboratoire de psychologie légale – UQTR. Université du Québec à Trois-Rivières. https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/portail/gscw031?owa_no_site=3702.


Illustration originale par Regina Roynourry