Par Kristian Ghazaryan
Michel en est à sa première session au baccalauréat en psychologie à l’UQAM. Il a travaillé fort pour se rendre où il est et ses attentes envers lui-même sont très élevées. Afin de bien réussir ses cours, Michel redouble d’ardeur. Il consacre des heures à optimiser sa prise de notes, à affiner ses stratégies de lecture et à se perfectionner dans ses méthodes de travail. Ses parents ne cessent de l’encourager, mais Michel trouve qu’ils surestiment ses capacités en tant qu’étudiant. Malgré ses efforts, il a l’impression qu’il n’en fait jamais assez. Lorsqu’il regarde à sa droite en classe, il a l’impression que son collègue prend de bien meilleures notes et qu’il est beaucoup plus concentré que lui. Après la mi-session, Michel obtient des résultats encourageants. Cependant, il attribue ses bonnes notes à la chance et trouve que le professeur a été généreux dans sa correction. Certes, il admet que son résultat est représentatif de son travail, mais il pense que ses accomplissements ne sont pas dus à son talent ou à son intelligence. Il craint que, du jour au lendemain, tout le monde se rende compte qu’il n’est pas au bon endroit, qu’il n’est qu’un imposteur.
Le syndrome de l’imposteur se caractérise par trois critères, soit: « la croyance que les autres surestiment nos atouts, la peur d’être découvert et montré du doigt et la tendance systématique à attribuer nos réussites à des facteurs externes, comme la chance ou l’acharnement au travail.¹» Il s’agit d’un phénomène très répandu, puisque 70 % d’entre nous en souffrent à un certain moment de leur vie, selon l’International Journal of Science.¹ (2011) Les étudiants sont particulièrement touchés. Certains ont l’impression d’être totalement incompétents et d’avoir du mal à s’intégrer à leur nouveau milieu, alors que les autres sont parfaits et réussissent sans problème. Ironiquement, il leur échappe qu’un bon nombre de leurs collègues pensent de la même manière. Cette comparaison ascendante constante avec leur entourage nuit à leur sentiment de compétence et les amène à penser qu’ils n’ont pas leur place dans leur programme. Ainsi, le syndrome de l’imposteur se manifeste en trois étapes. Tout d’abord, la personne éprouve la crainte qu’elle ne réussira pas à atteindre son but. Ensuite, elle parvient à l’atteindre après beaucoup d’efforts. Enfin, elle attribue sa réussite à un simple coup de chance. Ce cercle vicieux l’empêche de reconnaître ses exploits et la dévalorise dans son rôle d’étudiant.
Les personnes qui se reconnaissent dans la description du syndrome de l’imposteur seront soulagées d’apprendre qu’il existe des stratégies leur permettant de s’en libérer. Le premier exercice consiste à noter ses bonnes actions (même les plus banales) dans un carnet. Il suffit ensuite de les lire en s’imaginant qu’elles ont été posées par quelqu’un d’autre et de se demander s’il s’agit de gestes qui pourraient être appréciés. La réalisation que vous avez été à la source de ces bons gestes et qu’ils méritent d’être appréciés vous mènera à prendre conscience de l’influence positive que vous avez sur votre entourage¹. Le deuxième implique aussi l’utilisation d’un journal de bord, mais il faudra cette fois-ci choisir une journée en particulier et noter toutes les fois où l’on se compare à quelqu’un d’autre. Il faut également inscrire la manière dont ce parallèle nous fait sentir, que ce soit positivement ou négativement. Ainsi, dès qu’une comparaison sociale vous mine le moral plutôt que de vous motiver, elle est nocive pour votre santé mentale.
Progressivement, Michel se rend compte que la comparaison incessante qu’il s’impose avec ses collègues ne l’aide pas. Il comprend maintenant que chaque personne avance à son propre rythme, et qu’il est aussi inutile qu’injuste de se comparer aux autres. Chacun de nous possède un bagage d’expériences, des aptitudes et des habiletés qui varient selon les aspects de notre vie. Certes, il peut être utile de se comparer aux autres pour se situer sur le chemin de la vie, mais il ne faut jamais oublier que ce chemin n’est pas le même pour tout le monde. L’un emprunte un sentier long et sinueux, alors que l’autre trace une ligne droite et la suit jusqu’au bout. Ce qui importe, c’est que chacun trouve sa propre manière de se frayer un chemin et puisse éprouver une grande fierté lorsqu’il se retourne pour observer la distance parcourue.
Référence
1Mann, S. (2021). Le syndrome de l’imposteur: comment s’en libérer pour bien s’affirmer. Québec Amérique.
Corrigé par François-Xavier Michaud et Florence Pilote
Révisé par Pénélope Caron
Illustration originale par Fanny Chenail
