Par Azélie Laflamme
C’est un fait connu, le programme de psychologie est très compétitif. Une majorité des étudiants au baccalauréat souhaite continuer ses études au doctorat, alors que les places sont particulièrement limitées. Cette contrainte peut provoquer beaucoup d’anxiété chez les personnes concernées. Les niveaux de détresse psychologique peuvent être déterminés, par exemple, par l’anxiété, la dépression, le stress perçu, l’isolement social et le manque de support émotionnel4. Quand arrivent la mi-session et la fin de session, les étudiants peuvent avoir recours à des stratégies d’adaptation lorsqu’ils se sentent incapables de gérer les demandes externes, comme les attentes académiques et sociales, ou internes, comme la pression personnelle et le stress émotionnel. Le coping modifie la relation de la personne avec son environnement, ce qui engendre un changement dans l’état émotionnel de l’individu (F. Philippe, notes de cours, automne 2024). Les processus de coping sont souvent conscients, volontaires, flexibles et comportementaux. Toutefois, on peut aussi être conscient d’un processus qui se produit involontairement ou ne pas en être conscient du tout2. Les fonctions des processus de coping sont la régulation des affects et l’homéostasie, c’est-à-dire le retour à l’équilibre de l’organisme2. L’attrait pour l’utilisation du coping est donc indéniable.
Les enjeux du coping. Sans contexte, on pourrait penser que le coping est toujours une mauvaise stratégie. Toutefois, ce n’est pas nécessairement le cas. Il faut savoir qu’il y a deux types de coping : le coping adaptatif et le coping inadapté.
– Le coping adaptatif est centré sur la résolution du problème3. Par exemple, un étudiant est anxieux face à son examen de neuropsychologie qui aura lieu dans quelques jours. Il se met donc à concentrer ses efforts pour agir face à la situation et bien étudier. Ainsi, il se sentira moins anxieux et aura plus de chances de s’en sortir. En effet, on associe ce type de stratégies à un meilleur bien-être psychologique, une plus grande motivation et à une diminution du stress académique. Tout cela influence positivement les résultats académiques3. D’autres exemples de stratégies de ce genre sont la réinterprétation positive, la planification et la recherche de soutien3.
– Au contraire, le coping inadapté est centré sur l’émotion. On ne se sent pas bien, alors on veut changer son émotion rapidement3. Par exemple, l’étudiant qui voit son examen arriver à grands pas pourrait vouloir utiliser la distraction pour se libérer temporairement de son anxiété. Il pourrait procrastiner sur son cellulaire ou aller voir des amis au lieu de rester à la maison pour étudier. Dans d’autres cas, l’étudiant pourrait être dans le déni ou consommer des substances3. Les stratégies évitantes comme celles-ci amènent une satisfaction immédiate, mais ne sont pas efficaces à long terme3. Effectivement, les étudiants ressentiront plus de fatigue, verront leur performance académique diminuer et présenteront un plus haut taux d’absentéisme. De plus, le stress académique est aussi corrélé à une capacité d’apprentissage diminuée et un risque accru d’épuisement professionnel3. Par ailleurs, les hommes et les femmes ont des stratégies compensatoires différentes. Le coping utilisé par les hommes est généralement plus destructif que celui utilisé par les femmes1. En effet, ils se tournent plus souvent vers des comportements nocifs pour la santé tels que la consommation d’alcool, la sédentarité, le manque de sommeil, etc. Bref, le coping est un processus complexe pouvant être utilisé de manière adaptative ou non selon l’individu et son contexte.
Perspectives temporelles et coping. Ensuite, plusieurs études ont été élaborées sur le coping. Une de celles-ci explore la dimension temporelle par rapport au fonctionnement habituel de l’individu. C’est Zimbardo et Boyd (1999) qui ont défini la perspective temporelle3. Celle-ci correspond au rapport que l’individu entretient avec les registres temporels du passé, du présent et du futur. Il y a cinq catégories : le passé positif (vision positive du passé), le passé négatif (vision négative du passé), le présent hédoniste (attitude de recherche de plaisir et évitement de la souffrance et prise de risque face à la vie), le présent fataliste (attitude résignée face à la vie) et l’orientation vers le futur (position tournée vers l’avenir et les buts)3. Les résultats de cette étude soulignent que la tendance à prioriser une de ces catégories plutôt qu’une autre peut influencer le fonctionnement de l’individu. Lorsqu’on étudie le coping, on remarque que les personnes utilisant des stratégies adaptatives sont plus souvent orientées vers le futur. Le passé positif peut aussi influencer l’utilisation de stratégies centrées sur la résolution de problèmes. Ceux qui ont tendance à avoir recours à des stratégies évitantes accordent plus d’importance au présent fataliste et au passé négatif. Quant au sentiment d’efficacité personnelle, il est associé à l’orientation vers le futur et négativement corrélé au passé négatif et au présent fataliste. En effet, ce sentiment d’efficacité personnelle découle de l’expérience passée, d’une réflexion sur les possibilités futures et d’une évaluation de la situation présente. En résumé, une perception positive du passé et une orientation vers l’avenir sont les deux dimensions temporelles qui contribuent le plus au sentiment d’efficacité des étudiants et à leur recours aux processus de coping adaptatif3.
En conclusion, je sais comme vous que le passage à l’université est une période riche en émotions fortes. Au baccalauréat en psychologie, à travers la nécessité de bonifier son curriculum vitae, de se créer un bon réseau de contacts et de conserver un excellent relevé de notes, on essaie de se faire des amis et d’équilibrer notre vie le mieux possible. Pour notre bien-être psychologique et notre performance académique, il faudrait toutefois mettre de côté les stratégies d’adaptation centrées sur l’émotion et se concentrer sur celles qui sont axées sur la résolution du problème. Je reconnais que cela peut sembler difficile, mais nous pourrons bénéficier de ces choix à long terme. Pour ma part, je ne vous dévoilerai pas si j’ai utilisé le coping mal-adaptatif durant l’écriture de cet article! Sans blague, il peut arriver à tout le monde de procrastiner, il faut simplement tenter de se recentrer sur la résolution de problèmes pour atteindre nos buts.
Références
1Bonneville-Roussy, A. (2023). Le développement de la personnalité et de l’identité. PSY4102 [Présentation PowerPoint]. https://ena01.uqam.ca/pluginfile.php/8681604/mod_resource/content/0/Cours%204_Personnalit%C3%A9.pdf
2Chabrol, H. et Callahan, S. (2018). Introduction : Défense et coping, différences et convergences. Dans Chabrol, H. et Callahan, S. (dir.), Mécanismes de défense et coping (3e éd., p. 13-24). Dunod. https://doi-org.proxy.bibliotheques.uqam.ca/10.3917/dunod.chabr.2018.01
3Kaya Lefèvre, H. Vansimaeys, C. Bungener, C. Wolf, J. et Dorard, G. (2020). La perspective temporelle des étudiants français en première année d’études supérieures : quels liens avec les stratégies de coping et le sentiment d’efficacité ? Psychologie Française, 65(3), 197-211. https://doi.org/10.1016/j.psfr.2019.09.002
4Smart, I. McCabe, M. J. Bird, L. L. Byrne, M. et Cornish, K. (2025). Australian university student coping profiles and psychosocial distress : a latent profile analysis. Routledge Taylor & Francis Group, 50(1), 93-106. https://doi.org/10.1080/03075079.2024.2329748
Corrigé par François-Xavier Michaud et Florence Pilote
Révisé par Pénélope Caron
Illustration originale par Fanny Chenail
