Par Maggy Gamache
«Love is a skill that can be learned, just like any other skill in life.»
Course of Love, Alain de Botton (2016)
*Prenez note que, bien que ce texte soit basé sur la recherche scientifique, il demeure une critique personnelle.
En ce mois de la Saint-Valentin, il me semblait évident d’écrire un article sur l’amour ! Dans deux de mes cours de baccalauréat, j’ai abordé cette thématique en psychologie à travers la théorie triangulaire de Sternberg. Toutefois, cette approche a soulevé chez moi plusieurs interrogations. Cet article présentera d’abord cette théorie, puis en exposera certaines limites avant d’explorer des perspectives alternatives.
La théorie triangulaire de Sternberg
Selon Sternberg (1986), il est essentiel de distinguer l’amour (love) de l’appréciation (like). Il propose un modèle basé sur des mesures psychométriques, selon lequel l’amour repose sur trois dimensions principales formant un triangle :
- L’engagement : la décision d’aimer et de se projeter à long terme avec son partenaire.
- L’intimité : le sentiment de connexion et de confiance entre les partenaires.
- La passion : le désir sexuel et l’attirance physique.
D’après cette théorie, l’amour idéal combine ces trois dimensions. Selon leurs différentes combinaisons, Sternberg identifie huit types d’amour. Par exemple :
- L’amour vide (engagement seul) : typique des mariages arrangés.
- L’amitié (intimité seule) : relation fondée sur la complicité sans passion ni engagement.
- Le coup de foudre (passion seule) : une excitation physiologique intense, mais de courte durée.
Les limites de cette théorie
Bien que largement enseignée en psychologie, cette théorie présente certaines limites.
Premièrement, elle propose une vision simpliste et rationnelle de l’amour. Il me semble irréaliste de résumer une relation amoureuse à seulement ces trois termes. Sternberg suggère que l’amour idéal est rare. Toutefois, je trouve cette combinaison peut être trop excessive. Est-ce vraiment l’idéal que tout le monde cherche à atteindre ?
D’autres perspectives, comme celle de l’auteur Alain de Botton dans son roman The Course of Love, considèrent l’amour comme un apprentissage. Par exemple, la diminution de la passion dans un couple n’est pas forcément une étape négative, mais plutôt une évolution naturelle. Accepter ces changements dans sa relation pourrait ainsi mener à un amour plus profond et significatif.
Par ailleurs, Hedayati (2020) critique la surutilisation du terme amour dans cette théorie. En effet, Sternberg inclut le non-amour (absence des trois composantes) parmi ses catégories, alors que, par définition, ce n’en est pas. Hedayati suggère plutôt que ce modèle devrait être un continuum des relations interpersonnelles plutôt qu’une classification rigide.
Enfin, la théorie triangulaire ne prend pas en compte l’évolution des dynamiques relationnelles modernes. Les relations non-monogames, par exemple, ne s’intègrent pas facilement dans ce cadre.
Vers une approche plus contemporaine de l’amour ?
En conclusion, la théorie triangulaire de l’amour de Sternberg repose sur des bases empiriques adéquates et reste une approche pertinente. Toutefois, son caractère simpliste et son manque de nuances face aux nouvelles réalités relationnelles la rendent moins actuelle.
À l’avenir, il pourrait être plus pertinent de se concentrer sur l’évaluation de la satisfaction conjugale et sexuelle, plutôt que sur une classification de l’amour. Mesurer l’amour en fonction du bien-être qu’il procure aux partenaires pourrait offrir une approche plus adaptée aux divers types de relations.
Et vous, pensez-vous que l’amour puisse être théorisé sans en perdre sa complexité et son essence unique ?
Références
1. Love as caring maturity: A criticism of the love triangle theory and presenting a new approach to love in couple’s relationships. Proceedings of the 2nd World Conference on Social Sciences and Humanities. https://doi.org/10.33422/2nd.shconf.2020.09.234
2. Sternberg, R. J. (1986). A triangular theory of love. Psychological Review, 93(2), 119‑135. https://doi.org/10.1037/0033-295X.93.2.119
Corrigé par Véronika Marchenko et Rosalee Bonneau-Harvey
Révisé par Pénélope Caron
Illustration originale par Regina Roynourry
