Par Laurie Deschesnes
En se basant sur ce qu’on peut observer et entendre, plusieurs éprouvent un épuisement cognitif en entendant parler continuellement des catastrophes environnementales. Certains changent de chaîne de télévision ou de vidéo dès que le sujet est abordé ou se disent simplement que ce n’est pas la fin du monde s’ils ne compostent pas toujours. Ces réactions témoignent de ce malaise qui nous pousse à vouloir fuir cette réalité. Ainsi, la question que je me pose est la suivante ; Pourquoi, lorsque nous sommes confrontés à une menace mondiale et imminente, nous restons en suspens, dans une inaction ou une action abstraite en tant qu’individu?
La crise environnementale est un sujet auquel sans cesse nous sommes confrontés par le biais de diverses sources d’informations. À mon sens, cette confrontation constante à cette crise engendre une dissonance cognitive. Leon Festinger (1957) a développé cette théorie dont le postulat se résume à un état d’inconfort psychologique dû à un conflit: « entre deux cognitions ou entre un comportement et une cognition»1. Dans ce contexte, la dissonance cognitive survient lorsque nous accordons une réelle inquiétude face à ce phénomène, mais que nos comportements ne reflètent pas cette angoisse. Un conflit se crée ainsi, entre notre pensée et nos comportements entraînant un inconfort psychologique. En réaction à cet état, nous cherchons à réduire cette dissonance cognitive 1.
Et comment fait-on cela ?
Simplement en banalisant notre comportement 1; Ce n’est pas si grave de jeter ma boîte en carton à la poubelle, de toute manière il n’y a plus de place dans le recyclage. Nous pouvons également essayer de fuir et d’éviter cette dissonance en changeant de chaîne de télévision ou en continuant à scroller 1. Il est important de noter que de nombreux autres mécanismes cognitifs sont utilisés pour tenter de réduire la dissonance cognitive. Dans tous les cas, tous, nous essayons du mieux que nous pouvons d’être en cohérence avec soi, nos valeurs et nos croyances. Cependant, pour y parvenir, nous adoptons ces comportements afin de minimiser ou de fuir cette crise.
Malgré tout, il est bien de se poser la question du pourquoi. Pourquoi, au lieu de changer drastiquement nos comportements, ce qui serait en réalité le moyen le plus efficace que ceux-ci soient en cohérence avec nos cognitions. Nous continuons à suivre les mêmes schémas qui ne parviennent pas à éliminer cette dissonance. L’objectif ici n’est pas de porter de jugement ou de proposer des comportements plus adaptatifs, mais plutôt de mettre des mots sur un comportement communément observé. Par exemple, d’être aberrer par les conséquences du réchauffement climatique et malgré tout continuer de garder nos mêmes comportements polluants.
Donc, il est plausible que la fatigue mentale face aux répétitions de ces catastrophes soit partagée par beaucoup. Cette réponse, souvent caractérisée par un sentiment d’impuissance peut être en partie dû à cette dissonance cognitive. La reconnaissance de ce processus pourrait ainsi être le premier pas vers un changement, dans l’objectif de retrouver une cohérence entre nos pensées et nos actions. Cette prise de conscience pourrait ouvrir la voie à des comportements individuels plus responsables et respectueux de l’environnement.
Références
1 Vallerand, R J. (2021). Les fondements de la psychologie sociale (3e éd). Montréal : Chenelière Éducation.
Corrigé par Anne Martel, Émilie Pauzé et Charlene Allaire
Révisé par Florence Grenier
Illustration originale par Mariam Ag Bazet
