Par Ryan Derfoul
La théorie du chaos, initialement développée dans les sciences physiques et mathématiques, commence à trouver sa place dans le domaine de la psychologie. Cette théorie, qui étudie les systèmes dynamiques sensibles aux conditions initiales, offre une perspective unique sur la complexité des comportements et des processus mentaux humains.
Cette approche se concentre sur des systèmes qui, bien que déterministes, présentent des comportements imprévisibles et complexes. Souvent exprimée à l’aide de l’exemple de deux pendules répondant aux mêmes lois newtoniennes mais ayant une sensibilité aux conditions initiales. Ceci nous amène à ne plus pouvoir prédire à long terme le chemin parcouru par chacun.

Cet effet est souvent nommé l’effet papillon. En effet, imaginons qu’un papillon bat des ailes, créant une légère brise. Cette brise pourrait influencer d’autres courants d’air, créant une chaîne de réactions en cascade qui, finalement, pourrait déclencher une tempête à l’autre bout du monde. De de la même façon, un événement psychologique mineur ou un changement mineur dans la vie d’une personne peut déclencher d’importantes transformations dans son comportement ou son état de santé mentale. (Ayers, 1997).
La théorie du chaos trouve son application dans plusieurs branches de la psychologie, y compris dans l’exploration de la créativité. Dans son article de 2020, Philip A. Lambert propose que les paradoxes fréquemment rencontrés dans les études sur la créativité — notamment, le fait que les personnes créatives affichent des traits apparemment contradictoires tels que l’énergie couplée au besoin de repos, ou la discipline mêlée à une inclination pour le jeu — peuvent être élucidés à travers le prisme de la théorie des systèmes chaotiques.
De plus, des modèles dynamiques non linéaires basés sur cette théorie sont utilisés en psychologie du développement , particulièrement dans la théorie qui examine comment les enfants grandissent et évoluent de manière imprévisible(Thelen, 1989). Ces approches reconnaissent l’importance des systèmes dynamiques dans le développement humain et suggèrent que les comportements et les capacités émergent de l’interaction complexe de nombreux facteurs, plutôt que de séquences de développement prédéterminées (comme celles proposé par Piaget).
L’intégration de la théorie du chaos dans la recherche psychologique n’est pas sans défis. Les chercheurs doivent faire face à la complexité de modéliser mathématiquement des systèmes dynamiques non linéaires et interpréter correctement les données dans le contexte psychologique. (Robertson & Combs, 1995). Or, bien qu’elle soit encore dans ses balbutiements, son potentiel pour révolutionner notre compréhension des dynamiques psychologiques est indéniable.
Références
Thelen, E. (1989). The (re)discovery of motor development: Learning new things from an old field. Developmental Psychology, 25(6), 946–949. https://doi.org/10.1037/0012-1649.25.6.946
Ayers, S. (1997). The Application of Chaos Theory to Psychology. Theory & Psychology, 7(3), 373-398. https://doi.org/10.1177/0959354397073005
Lambert, P. A. (2020). The Order – Chaos Dynamic of Creativity. Creativity Research Journal, 1–16. doi:10.1080/10400419.2020.1821562
Robertson, R., & Combs, A. (Eds.). (1995). Chaos theory in psychology and the life sciences. Lawrence Erlbaum Associates, Inc
Corrigé par Valérie Caron, Anne-Marie Parenteau et Ariane Pomerleau
Révisé par Florence Grenier
Illustration originale par Mariam Ag Bazet
