Par Suzie Rousseau
Bien vieillir peut être subjectif à chaque personne, et chacun peut avoir son idéal – avons-nous réellement besoin d’une définition?
Vieillir a toujours fait partie de la vie – par contre, notre compréhension de ce que signifie « bien vieillir » est différente aujourd’hui par rapport aux époques précédentes . La proportion de la population mondiale considérée comme âgée continue d’augmenter, et ce, dans toutes les parties du monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la proportion de personnes âgées de plus de 60 ans passera de 12 % à 22 % d’ici 20501.
Les théories du vieillissement sont diverses, mais mettent toutes de l’avant les facteurs intrinsèques du vieillissement (ex. facteurs génétiques), et extrinsèques (ex. facteurs environnementaux). De plus, on entend beaucoup parler des points négatifs de vieillir dans les médias. Avec ces nombreuses informations de sources multiples, c’est quoi , en fait, « bien vieillir »?
Entrevue informelle avec Dr. Bourgeois-Guérin
Dr. Valérie Bourgeois-Guérin est professeure titulaire en psychologie à l’Université du Québec à Montréal dans la section humaniste. Elle fait partie du Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques, et pratiques de fin de vie (CRISE), en plus d’être membre de l’Équipe de recherche Vieillissements, exclusions sociales et solidarités (VIES). Elle fait également partie du Réseau Québécois de Recherche sur le Vieillissement, du Réseau québécois de recherche en soins palliatifs et de fin de vie (RQSPAL) et de la Chaire de Recherche sur le Vieillissement et la Diversité Citoyenne2. La psychologie du vieillissement est ainsi au centre de ses intérêts, et je l’ai rencontré pour discuter de cet enjeu.
Dr. Bourgeois-Guérin nous partage que lorsqu’elle avait à peine 12 ans, elle faisait du bénévolat avec une clientèle de personnes âgées, et a tout de suite réalisé que ces individus avaient tant à partager avec la future génération, et devaient avoir une voix dans l’espace public. Cela donne le ton à toutes les recherches qu’elle a entreprises depuis!
Elle mentionne qu’il y a beaucoup de conceptions socioculturelles sur le vieillissement. Le moment à partir duquel une personne est considérée comme « âgée » diffère d’un endroit à l’autre, tout comme le niveau d’intégration dans les familles et dans la société en général. La reconnaissance sociale conférée par l’âge que l’on retrouve encore beaucoup dans certaines communautés culturelles n’a plus cours aujourd’hui dans les sociétés occidentales. Il est donc pertinent de regarder les meilleures pratiques ailleurs pour les appliquer en Amérique du Nord, afin d’avoir une approche plus riche et plus nuancée.
Elle mentionne que, pendant longtemps, les théories du vieillissement mettaient l’emphase sur la dégénérescence. En réaction à ses courants, un modèle plus positif, le modèle de bien vieillir, a été mis sur pied, avec une emphase sur vieillir en santé, avoir des moyens financiers suffisants et s’impliquer dans sa communauté.
Par contre, les personnes qui n’ont peut-être pas la santé ou des moyens financiers élevés peuvent avoir l’impression qu’ils ont échoué leur vieillissement. Dr. Bourgeois-Guérin nous rappelle donc qu’il est important de mettre l’emphase sur le fait que bien vieillir est subjectif, et que chaque personne peut avoir son idéal (ce qui est une manière très humaniste d’aborder cette problématique).
Pour en apprendre plus
Le vieillissement est quelque chose qui peut paraître banal à première vue, car nous atteindrons tous ce stade, mais il y a un manque criant de chercheurs et de psychologues cliniciens dans ce domaine. Sachant que la population continue de vivre de plus en plus longtemps, beaucoup d’innovations seront requises dans ce domaine pour adresser la situation, et c’est une spécialité qui gagnerait à devenir plus populaire!
Plusieurs professeurs, en plus de Dr. Bourgeois-Guérin font de la recherche dans ce domaine, et ce, dans des approches différentes. Par exemple, Dr. Arielle Bonneville-Roussy dans la section Développement étudie le processus du vieillissement, tandis que plusieurs professeurs dans la section neuropsychologie étudient des problématiques propres au vieillissement telles que l’Alzheimer et d’autres maladies neurologiques.
Finalement, plusieurs cours se spécialisant sur le vieillissement sont disponibles à l’UQAM, dont le cours PSY2682 – Psychologie du vieillissement, qui met l’emphase sur le développement du vieillissement, sur les conceptions socioculturelles de la vieillesse et sur l’effet de l’institutionnalisation et des problèmes psychopathologiques du vieillissement3. De plus, plusieurs autres cours sont disponibles dans les départements de travail social et de sexologie, apportant d’autres dimensions pertinentes au vieillissement pour les étudiants en psychologie (par exemple, TRS3115 – Personnes âgées et société en travail social, qui pourrait être un cours libre intéressant).
Références
(1) Peel, E., Holland, C., & Murray, M. (Eds.). (2018). Psychologies of ageing : theory, research and practice. Palgrave Macmillan. https://link-springer-com.proxy.bibliotheques.uqam.ca/content/pdf/10.1007/978-3-319-97034-9_1?pdf=chapter%20toc
(2) Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques, et pratiques de fin de vie (2023, 22 octobre). Valérie Bourgeois-Guérin. https://crise.ca/membre/valerie-bourgeois-guerin/
(3) Université du Québec à Montréal (2023, 22 octobre). COURS //PSY2682 – Psychologie du vieillissement. https://etudier.uqam.ca/cours?sigle=PSY2682
Corrigé par Anne-Marie Parenteau, Megan Racine et Ariane Pomerleau
Révisé par Florence Grenier
Illustration originale par Laurie-Anne Vidori
